Deux dérapages de bus en une seule journée, ce qui en dit long sur la réalité navrante du secteur du transport touristique terrestre dans notre pays. Les deux incidents où l’on déplore une cinquantaine de blessés concernent le dérapage d’un bus transportant des élèves en excursion (gouvernorat de Nabeul), à la hauteur de Barraket Essahel, le deuxième bus s’étant renversé alors qu’il se dirigeait vers la ville de Hammamet avec à bord l’équipe junior de joueuses de l’ASF Chebba. Selon les services d’information de l’Observatoire national de la sécurité routière, ces deux accidents seraient dus à un excès de vitesse. Ce triste bilan nous renvoie déjà au drame de Amdoun qui s’est produit le 1er décembre 2019, et qui a fait 31 morts et des blessés parmi les 43 passagers. Toutes les victimes étaient des jeunes en excursion. Après des mois d’enquête, les rapports sécuritaires, techniques et parlementaires ont abouti à des constats contradictoires. En effet, le conducteur habitué à faire ce trajet, d’une façon récurrente, n’était pas sous stupéfiant et les pneus du bus étaient en bon état. Il n’empêche, le chauffeur du bus étant décédé lors de l’accident, c’est le propriétaire de l’agence de voyages qui a écopé de deux ans de prison ferme. Affaire classée, le drame vite oublié. Finis les contrôles sur route et les inspections à outrance pour exhorter les conducteurs à mieux se comporter quand ils sont au volant. Le relâchement est à tous les niveaux et les vieux réflexes refont sitôt surface. On oublie dans le sillage de ces drames successifs qu’être chauffeur est un métier qui obéit à des règles strictes. On ne se comporte pas sur des routes déjà classées parmi les plus meurtrières du monde de la même façon que quand on transporte des malades en ambulance, des enfants à la crèche, des jeunes en excursion ou des personnes âgées. Ici, le rôle du chauffeur est de conduire à bon port ses passagers sains et saufs. Or, il ne suffit pas de délivrer un permis de conduite pour garantir une bonne attitude du conducteur. Parmi les consignes à adopter pour une conduite responsable qui peut réduire le risque d’accident, l’agent de voyage qui loue ses bus avec chauffeur est tenu de vérifier si le conducteur est lucide et n’a pas consommé d’alcool ou d’autres stupéfiants. Le créneau horaire du départ de l’excursion devrait aussi prendre en compte l’état physique du chauffeur qui ne doit pas être fatigué par une autre mission accomplie la veille et qui pourrait l’exposer à un état de somnolence. La consommation de certains médicaments pour un simple rhume pourrait avoir aussi des effets secondaires qui peuvent altérer la conduite du chauffeur. Cela dit, plusieurs types de matériel informatique embarqué (interfaces d’exploitation, de contrôle à distance de vitesse, d’état de fatigue, etc.) permettent désormais d’améliorer le contrôle de la conduite des chauffeurs lors des déplacements et assurent la sécurité des passagers. Rien que l’observation de ces simples règles de bonne conduite, pourrait éviter la survenue de drames et d’accidents.
